Abus sexuels dans l’Église: Roger Vangheluwe “a écrit une lettre au pape”

La missive intervient après la visite de l’évêque anversois et d’un de ses collègues à Roger Vangheluwe à l’abbaye de Saint-Pierre de Solesmes en France, où réside l’octogénaire. “Nous avons discuté pendant deux heures et clarifié notre demande de révocation de ses droits et devoirs en tant qu’évêque et prêtre”, a précisé Mgr Johan Bonny. Cette laïcisation priverait Mgr Roger Vangheluwe de l’ordination, donc de son titre d’évêque qu’il porte toujours actuellement. Le tête-à-tête constituait une “première en 12 ans”, a souligné l’évêque anversois.

Ce dernier, “au nom de l’ensemble de la conférence épiscopale”, avait soumis sa demande à l’ancien évêque de Bruges qui, lors d’une interview télévisée, avait qualifié de “petite relation” les violences sexuelles commises pendant plusieurs années sur son neveu. L’intéressé avait ensuite sollicité “une courte période de réflexion”.

Jeudi soir, Mgr Bonny a été informé qu’entre-temps, Roger Vangheluwe a écrit au pape. Le prélat n’était toutefois pas en mesure de préciser le contenu de la lettre, l’homme d’Église brugeois n’ayant pas voulu en dévoiler la teneur. “Le pape peut prendre la décision” de déchoir Roger Vangheluwe. “Il peut en effet revenir sur l’ordination” de l’ancien évêque “si de nouveaux éléments apparaissent. La série documentaire ‘Godvergeten’ (diffusée récemment par la chaîne publique flamande VRT et qui livre de nombreux témoignages de victimes et de leurs proches) et son impact sur la société, les victimes et l’Église nous semblent constituer des éléments nouveaux à prendre en compte”, a pointé Mgr Bonny.

Techniquement, il s’agirait cependant d’une “dispense” papale: Roger Vangheluwe ne pourrait plus poser d’acte liturgique et serait déchu des droits et devoirs liés à la fonction ecclésiastique. Il continuerait cependant d’aller et venir à sa guise, “c’est le désavantage”, a reconnu l’évêque anversois. “Je suppose toutefois qu’il restera de toute façon à l’abbaye. Ce n’est pas évident de réfléchir à une autre solution”, selon Mgr Bonny, qui ne voit pas de compromis possible: “soit la situation reste telle qu’elle est actuellement, soit c’est la dispense”.

Le religieux attend à présent la réponse de Rome. L’homme de foi a l’impression d’avoir “fait son devoir, bien que tous nos espoirs n’aient pas encore été rencontrés”. “Il nous faut, en tant que société et qu’église, voir comment nous relever d’une telle épreuve. Nous connaissions déjà les faits eux-mêmes, qui évidemment n’auraient jamais dû se produire, mais les histoires choquent les dessous de la société et de l’église”.

Concernant l’état dans lequel se trouve l’octogénaire, le prélat a décrit un “homme brisé”, “la vie qu’il menait s’étant brusquement arrêtée en conséquence de ses propres actes”, et qui “lutte à présent avec le sens de la vie et ce que celle-ci a encore à apporter”. L’évêque d’Anvers a cependant ajouté que la souffrance de Mgr Vangheluwe n’était en rien comparable à celle des victimes de violences sexuelles.

Violences sexuelles au sein de l’Église: De Croo ouvert à une discussion sur le financement des cultes