Corneille et le massacre de sa famille : "Quand je suis sorti de ma cachette, la première chose que j'ai faite c'est..."

Corneille est revenu avec émotion sur la tragédie qui a marqué sa famille lors du génocide rwandais et qui a changé sa vie à jamais. De sa survie miraculeuse à sa douloureuse reconstruction, il raconte comment ces drames lui ont appris à porter un regard bienveillant sur le monde.

Corneille et le massacre de sa famille : "Quand je suis sorti de ma cachette, la première chose que j'ai faite c'est..."
© Wyters Alban/ABACA

Chanteur et auteur-compositeur-interprète au succès international, le musicien Corneille, de son vrai nom Cornelius Nyungura, a accepté l'invitation de Franck Nicolas, coach et auteur à succès québécois suivi par plus de 2 millions d'abonnés sur la Toile. Sur la chaine Youtube du conférencier francophone le plus suivi dans le monde, le chanteur d'origine rwandaise s'est livré à un échange bouleversant de 50 minutes. Avec beaucoup d'émotion, l'interprète de Parce qu'on vient de loin est revenu sur son histoire personnelle marquée par le génocide rwandais, qui a coûté la vie à sa famille et a changé sa vie à jamais.

Corneille, le récit douloureux de la nuit du massacre de sa famille

Près de 30 ans après sa survie miraculeuse au génocide des Tutsi au Rwanda, le chanteur de 45 ans accepte de revenir sur la nuit où il a assisté au massacre de sa famille. Mais il aura fallu que celui qui est aujourd'hui père de famille effectue un long travail et prenne le recul nécessaire pour revenir sur ces événements tragiques. Né en Allemagne où ses parents suivent leurs études, Corneille passe toutefois une enfance heureuse au Rwanda où la famille s'agrandit avec l'arrivée de deux frères et une petite sœur. Il n'a que 17 ans lorsque le génocide éclate au Rwanda.

"Dans la nuit du 15 avril, des hommes armés sont rentrés chez nous, ils ont assis tout le monde dans le salon et ils ont tiré sur tout le monde. Moi, je me suis caché derrière un sofa, et puis ils sont sortis pensant que j'y étais resté, ce n'était pas mon jour", raconte-t-il avec émotion. "Quand je suis sorti de ma cachette, la première chose que j'ai faite c'est d'aller devant un miroir pour me regarder et voir si j'étais réellement vivant (…) J'étais dans un état de gel émotionnel complet. J'ai attendu que le jour se lève. Je suis passé dans le salon devant les corps sans les regarder", se souvient l'artiste dont le père, la mère, les deux frères et la petite sœur âgée alors de 3 ans ont été assassinés cette nuit-là.

Corneille, le long exil d'un adolescent de Kigali à Düsseldorf

"Le lendemain je suis sorti et ça a été trois mois de fuite, de petites cachettes jusqu'en juillet 1994", explique Corneille. L'adolescent fait preuve d'un extraordinaire instinct de survie et comme des millions de personnes qui fuient le pays, il prend le chemin de l'exil pour rejoindre la frontière du Congo. A Kinshasa, il réussit à contacter des amis de ses parents en Allemagne qui lui envoient un billet d'avion et l'accueillent chez eux à Düsseldorf. " Ils m'ont pris chez eux comme si j'étais le leur. Ils ne m'ont rien demandé, ils m'ont tout donné ".

Corneille sa reconstruction après la tragédie

Le coach Franck Nicolas a ensuite interrogé l'artiste sur sa reconstruction après la tragédie et comment le jeune homme avait trouvé les ressources pour guérir. "Dans cette nouvelle vie devant moi, j'allais prendre cet amour que mes parents m'avaient donné." Et si, aujourd'hui, le chanteur éprouve encore de la culpabilité, il confesse que ce n'est pas tant de s'en être sorti, mais surtout de ne pas avoir sauvé sa petite sœur. "C'était la plus jeune, la seule fille de ma famille et j'étais l'ainé et je ne l'ai pas sauvée."

Aujourd'hui, à 45 ans, Corneille donne un sens à ce drame "Je me suis rendu compte, à mon grand étonnement, que je devais mes plus grands bonheurs à mes plus grands malheurs, c'est-à-dire qu'aujourd'hui je me dis que c'est parce que je viens de là que j'ai ça. Si j'enlève un morceau de tout ce qui m'a fait mal, de toutes ces choses, je n'ai pas ça", admet l'époux du mannequin et comédienne canado-portugaise Sofia de Medeiros et le père de famille comblé.