Ile-de-France : des loups aux portes de Paris ?

Selon l'Observatoire du loup, qui est sûr de sa présence, un ou des spécimens isolés auraient été aperçus en Ile-de-France. Mais, pour l'instant, pas de preuve !

ILLUSTRATION. Selon l'Observatoire du loup, qui est sûr de sa présence, un ou des spécimens isolés auraient été aperçus en Ile-de-France.
ILLUSTRATION. Selon l'Observatoire du loup, qui est sûr de sa présence, un ou des spécimens isolés auraient été aperçus en Ile-de-France. AFP/PHILIPPE HUGUEN

    Il est là. C'est la certitude de l'Observatoire du loup, une association qui rassemble une quinzaine de spécialistes (géographes, biologistes...). Son président, Jean-Luc Valérie, auteur du livre « le Retour du loup en Lorraine » (2010), est formel : « Le loup est aux portes de Paris. » Sur son site, cette association met régulièrement à jour une cartographie de la présence de l'animal en France, avec des seuils d'alerte correspondant à un code couleurs. Le Val-d'Oise, qui pourrait être traversé par un loup venu de la Marne, vient d'être placé « sous surveillance », comme les Hauts-de-Seine. Ce seuil renvoie à une « présence aléatoire possible » du loup.

    En balade entre Rambouillet et Limours

    En octobre, les Yvelines et l'Essonne ont viré au rouge, comme la Seine-et-Marne quelques semaines plus tôt. Ils sont « sous dispersion », le seuil supérieur, selon l'Observatoire. C'est-à-dire que le loup y est « en phase de dispersion, avant de s'y établir».

    Le loup « repéré » dans les Yvelines et l'Essonne serait originaire de l'Yonne et se promènerait entre Rambouillet et Limours. « Je suis catégorique, martèle Jean-Luc Valérie. Nous ne modifions la carte que lorsque nous avons regroupé suffisamment de données concordantes, issues d'observations de terrain et de témoignages. » Comme celui d'un internaute des Yvelines, qui affirme avoir « observé un spécimen de loup gris entre Rambouillet, Auffargis et Cernay-la-Ville durant les Saints de glace 2016».

    « Prudence », tempère Olivier Guder, animateur en Ile-de-France de Ferus, l'association nationale pour la conservation de l'ours, du loup et du lynx. « Deux races de chiens, le chien-loup de Saarloos et le chien de Tchécoslovaquie, lui ressemblent beaucoup. Les observations visuelles n'apportent rien de crédible, estime-t-il. La présence du loup en Ile-de-France n'est pas impossible, mais elle n'est pas avérée. La génétique est l'unique critère fiable. »

    L'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) est le seul organisme habilité à fournir une validation officielle. « Nous accordons peu de crédit au barème de l'Observatoire du loup, commente Cédric Bailleux, adjoint au chef de service Ile-de-France de l'ONCFS. Nous n'affirmons rien tant que la génétique n'a pas fait parler les excréments ou les poils collectés sur le terrain. Nous n'en sommes pas à ce stade en Ile-de-France. »

    « Omerta ! Déni ! » s'étrangle Jean-Luc Valérie. « L'ONCFS a toujours un an de retard. Parce que, faute de budget, ils n'ont pas les moyens de faire les tests génétiques, affirme-t-il. Pour que tout le monde puisse cohabiter, il faut communiquer. Et donner les moyens aux éleveurs de se protéger. Sinon, ça dégénère et on flingue du loup à tout-va. » Selon ce spécialiste, le loup, qui parcourt entre 20 et 60 km par jour, a besoin de gibier — « un lapin peut suffire » — et de zones « pas trop urbanisées » pour pouvoir « abaisser sa vigilance et se reposer ». Dès lors, il peut s'installer « en l'espace de dix-huit mois ». « C'est assurément ce qui va se passer en Ile-de-France », prédit l'Observatoire du loup.