Claude Guéant, après l’affaire des tableaux, est une nouvelle fois dans la tourmente. La police avait effectué, en février et avril derniers, des perquisitions pour faire la lumière sur un éventuel financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 par le leader libyen Kadhafi. Mais les policiers avaient découvert des factures payées en liquide, pour un montant de 20 à 25.000 euros. Claude Guéant avait alors expliqué qu’il s’agissait de primes de cabinet.

Selon un rapport remis par l’Inspection générale de l’administration hier à Manuel Valls, alors que le système des fonds spéciaux avait été supprimé par Lionel Jospin, des primes en liquide ont effectivement bien été remises au cabinet du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, « pendant deux à trois ans », entre 2002 et 2004, donc. « Environ 10.000 euros par mois (ont été) remis au directeur de cabinet du ministre », précise le rapport, qui indique que ces sommes devaient « permettre la recherche de renseignements, la rémunération des informateurs, la mise en œuvre de moyens d'investigation. » Ces fonds ont d’ailleurs été retracés sur la ligne « Frais d’enquête et de surveillance » du ministère de l’Intérieur.

20.000 euros de factures de biens ménagers

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Selon "Le Figaro", cette somme mensuelle, provenant de la Direction générale de la police nationale, était répartie « à au moins deux ou trois collaborateurs. » Le ministre de l’Intérieur, surnommé "le premier flic de France", enquêtait alors sur les affaires les plus médiatisées, comme le meurtre du préfet Erignac. Pour obtenir 20.000 euros en liquide, Claude Guéant avait mis de côté de nombreuses factures de biens ménagers, soigneusement gardées chez lui. Problème : ces frais sont non déclarés sur les fiches de paie de Claude Guéant et donc non imposés.

Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre à l’époque des faits, se dit « surpris » par la révélation de cette pratique. De leur côté, les syndicats demandent de « rendre l’argent. » FO Centrale, première organisation de la Place Beauvau, demande notamment que « ces sommes soient redistribuées équitablement à tous les agents du ministère », tandis que le Syndicat des cadres de la sécurité intérieur dénonce « l’opacité » de ce système de primes. Manuel Vall, le ministre de l’Intérieur actuel, a affirmé vouloir mettre « définitivement un terme à certaines pratiques indemnitaires. »