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Connaissez-vous les frères Caillebotte, peintre et photographe ?

Les relations fraternelles sont à l’honneur cette saison dans les musées parisiens à travers deux magnifiques expositions. L’une, visible au musée Marmottan, est consacrée aux peintres havrais Raoul et Jean Dufy auxquels un article a été consacré dans La Revue Française de Généalogie (n°188, juin-juillet 2010). L’autre, accessible au musée Jacquemart-André, raconte, à travers leurs œuvres, les relations du peintre Gustave Caillebotte avec son frère Martial, photographe.

Issus d’une famille très fortunée de la bourgeoisie parisienne du Second Empire, ils naquirent tous deux à Paris, respectivement en 1848 et 1853. Leur frère René, né dans l’intervalle de leurs deux naissances, en 1851, mourut prématurément en 1876.

Les trois frères Caillebotte sont nés de la troisième union, en 1847, de leur père, Martial, avec Céleste Daufresne, née à Lisieux en 1819.

De son premier mariage célébré à Paris le 8 mai 1828 avec Adelaïde Zoé Boissière, Martial Caillebotte eut un fils, Alfred, né en 1834, qui fut ordonné prêtre en 1858. Les photographies exposées le représentant montrent qu’il était en relations régulières avec ses demi-frères, sans doute jusqu’à sa mort en 1896.

En l’espace de cinq années à peine, de 1874 à 1878, les frères Caillebotte perdirent leur frère René en 1876, leur père, décédé le 25 décembre 1874, et, s’agissant de Gustave et Martial, leur mère, le 20 octobre 1878.

Cette succession de deuils rapprocha les deux frères qui partageaient déjà plusieurs passions, comme l’horticulture, au point de vivre dans le même appartement, boulevard Haussmann, au moins jusqu’au mariage de Martial.

Marié le 7 juin 1887 à Marie Minoret, Martial eut deux enfants, Jean, né en 1888 et Geneviève née en 1890, qu’il photographia beaucoup comme le montrent plusieurs clichés visibles à l’exposition. Gustave n’eut, lui, pas de descendant.

Les origines familiales des frères Caillebotte se trouvent en Normandie. Leur père, Martial, était né à Domfront, dans l’Orne, le 8 avril 1799. Négociant en draps, il avait hérité en 1830 de l’affaire de son père, Antoine Marie Pierre Caillebotte, également né à Domfront le 27 août 1765, affaire qu’il décida de développer en venant à Paris. Antoine avait épousé Adélaïde Françoise Féron. Leurs deux familles étaient liées par un autre mariage : un frère d’Antoine, Nicolas François René Caillebotte, lui aussi marchand de draps, avait épousé en 1793, à Domfront, Marie Françoise Féron, sœur d’Adélaïde.

Au 18e siècle déjà, l’ascendance des frères Caillebotte montrait des origines bourgeoises : à la naissance en 1765 de leur grand-père paternel, leur arrière-grand-père, Pierre Caillebotte, est dit « marchand bourgeois de Domfront ». Né à Ger, dans la Manche, il était venu s’installer à Domfront vers le milieu du 18e siècle.

Du côté maternel, les racines de Gustave et Martial Caillebotte se trouvent également en Normandie, cette fois dans le Calvados. Leur mère, Céleste Daufresne, était la fille d’un « percepteur à vie », Frédéric Daufresne, et de Marie Céleste Le Masquerier. Céleste est née le 30 octobre 1819 à Lisieux, au domicile de son oncle paternel, Louis Daufresne, notaire royal dans cette ville.

Par les deux lignées dont ils descendaient, Gustave et Martial Caillebotte se rattachaient à la bourgeoisie provinciale avant de devenir parisienne.

A travers l’histoire des deux frères, c’est celle du Second Empire et de la formation des fortunes dans le Paris haussmanien qui nous est révélée.

La réussite de Martial Caillebotte père permit à Gustave d’être un mécène pour les peintres impressionnistes et de contribuer en cela à l’histoire de l’art, au-delà même de l’apport de ses propres œuvres, fait assez rare pour être souligné. Le cadre de vie qui lui fut offert ainsi qu’à son frère, du fait de la fortune paternelle, leur donna matière à réaliser de magnifiques tableaux et de remarquables clichés tous reflets d’une époque et d’une histoire familiale, qu’il vous est possible, pour quelques jours encore, de découvrir dans le cadre somptueux du musée Jacquemart-André.

Renseignements sur l'exposition ici, à voir jusqu'au 11 juillet 2011.

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